lundi 29 septembre 2008

Les escapades polissonnes du père Furet

CHRONIQUES DACQUOISES
De la luxure et de l'avarice


Les escapades polissonnes du père Furet

Veuf endurci et malheureux, Furet devait son surnom à ses escapades coquines à l'autre bout du lac. En plus le bonhomme était d'une sordide avarice avec le personnel des tavernes où il prenait ses quartiers.

Tabellion de province, Furet, rougeaud, quinquagénaire et ventripotent, devait son surnom au fait que chaque vendredi, il s'éclispsait vers les villages de l'autre côté du lac où de délicieuses coquines lui prodiguaient certains soins hygiéniques qu'il eut été bien en peine dans la prude Dax. Le jour choisi pour ses excursions polissonnes n'était pas exempt d'innocence. Il lui permettait d'aller à confesse le samedi et de s'approcher de la sainte table le dimanche aux fins d'y recevoir le corps du Très-Haut, le coeur lavé de tout péché.

Détail piquant, le notable méticuleux tenait une comptabilité rigoureuse o'u le coût de ses escapades figurait sous la rubrique "dons aux indigents de la paroisse". Ces libéralités récompensaient en fait la grosse Lulu et la frêle Zita. Car pour s'activer auprès d'un gaillard puant du goulot, atteint de phimosis et à la propreté plus que relative, il fallait faire preuve d'abnégation, voire d'héroïsme.
Plus grave cependant que ces gallipettes somme toute excusables de la part d'un veuf solitaire, était le comportement odieux du personnages à l'égard des tavernières et taverniers des établissement où il avait pris ses invalides.

Le père Furet raffollait d'un risotto au safran, importé à grands frais de Verone, spécialité d'une taverne aujourd'hui disparue.


- Tavernier, d'où vient ce safran ?
- Ma foi Messire, je vous avoue que, breton d'extraction, je ne sais pas trop !
- Suffit espèce d'ignare qui ne connaissez pas votre métier. Sachez que le safran est issu de crocus cultivé pour ses fleurs dont le stigmate fournit une teinture jaune et une poudre servant d'assaisonnement. Et où trouve-t-on du safran ?
- Ma foi Messire, je l'ignore, bredouilla le loufiat.
- En Italie, espèce d'abruti. Donnez-moi le compte !


Ce dernier fut réglé au denier près. Sur le pas de la porte, rageur, notre irascible dîneur éructa en direction du jeune homme médusé :

- Quand vous connaîtrez la gastronomie et la géographie, je vous refilerai un pourboire, mon ami !

Le surlendemain, cet épouvantable commanda une liqueur à base de poires william en guise de digestif.

- Délicieuse oiselle, de quel fruit provient cette adorable fine ?
- Mon cher messire, je ne sais point trop.
- Apprenez gente gazelle que cet elixir est issu d'ûne juteuse poire d'été à la chair fine et très cultivée.


Sur ce, notre guignol s'en fût sans lâcher le mondre denier de pourliche.
Ce qui incine à penser que toute cette frime ne consistait qu'à masquer une sordide avarice.



Namaycush.

Aucun commentaire: