mardi 4 mai 2010

Un départ tonitruant pour la nouvelle ère gasconne

Qui a dit qu’on s’ennuyait en Gascogne ? Qui a dit que cette province n’avait plus d’esprit combattif ? Car si les Gascons sont incapables de taper sur leurs ennemis, ils savent parfaitement se taper dessus entre eux et ont décidé d’en faire la démonstration pour ces élections.

Cette échéance électorale, très attendue du fait de la retraite du Duc multirécidiviste Gabriel Von Wittelsbach avait pourtant très bien commencé. Les trois listes présentes au rendez-vous se sont montrées respectueuses de la procédure électorale et même très coopératives. Pour la première fois aucune contestation ou point litigieux ne sont apparus et l’on s’attendait tout naturellement à une campagne tout aussi correcte.


La désillusion est hélas vite arrivée avec un évènement pourtant anodin entre deux membres de listes adverses, Madcat de Morason pour la liste GaGa et Kassandra von Wittelsbach dicte Kassie, pour la liste Re'neishençà. La condamnation par Kassie, juge de Gascogne et prétendante à la couronne ducale, de son adversaire politique Madcat, a enflammé l’imagination et échauffé les esprits. La question se pose pour certains quant à la motivation de cette décision et bien que la Cour d'Appel étudie le dossier, la réponse n'arrivera que trop tardivement pour calmer l'esprit.

Se trouve d’une part l’aveu de l’accusée lors de sa première plaidoirie où elle reconnait les faits qui lui sont reprochés, et sur lequel se base le verdict rendant parfaitement légitime la condamnation aux yeux de certains. Mais d’autre part, le caractère très concis du verdict qui ne s’intéresse pas à la caractérisation des faits à la loi et la date de la condamnation laissent planer le doute pour d’autres. Ils constatent en effet qu’il s’agit d’un procès simple dans lequel le procureur censé défendre les intérêts ducaux n’a pas pris la peine de faire de réquisitoire et de demander une condamnation. Que de surcroit cette affaire lancée il y a plusieurs mois voit le verdict tomber à point nommé, et par celle qui s’était vu ravir la couronne par son cousin le Duc d’Espelette il y a deux mois, malgré l’arrivée en tête de sa liste. Si l’on rajoute à cela qu’il intervient seulement quelques jours après que la liste de l’accusée soit complète et impossible à modifier, pouvant donc entrainer l’invalidité de toute la liste concurrente de la juge et mettre sur la touche son principal adversaire au trône de Gascogne, on comprend aisément que les choses aient dégénéré.


Il n’en faut en effet pas plus pour que les camps prennent des positions très fermes et que les crieurs publics s’emballent. Au milieu des traditionnels messages partisans appelant aux votes, les attaques fusent. Ainsi la première offensive est lancée contre la juge, surnommée la dame de fer, contre sa « dictature au tribunal » sur le peuple gascon. La réplique ne se fait pas attendre contre trois membres de la liste GaGa et leurs problèmes judiciaires. Madcat tout d’abord que nous avons évoquée ici-même, Arshess l’actuel maire de Bayonne qui se verrait reproché d’avoir couvert certains amis lors d’infractions aux arrêtés municipaux et enfin Riwenn de Castel Vilar contre qui une plainte pour infraction au code électoral est restée quatre mois sans aucune suite.

Si les vieux dossiers ressortent, les coups continuent, et les réactions aux propagandes de part et d’autre se font entendre, toujours par crieur. Ainsi, Re'neishençà qui se présente comme étant pour le peuple, sans coup bas et honnête, se voit rappeler l’affaire Chtilo. En effet l’actuel Connétable de Gascogne a été récemment pris en faute sur Labrit pour avoir enfreint un arrêté municipal et fait l’objet de poursuites. GaGa n’échappe pas non plus, de son coté, à la remise en cause de ses valeurs. Misant pour sa part sur une ère nouvelle, ses opposants ont opté pour une note plus légère de contestation puisque l’on peut entendre depuis quelques jours « La Gascogne se GaGasse la gueule, il est où le renouveau ? » Seule à échapper à ce florilège pour l’instant, la liste Gasconha qui n’a pas encore utilisé les crieurs publics pour faire sa promotion.


Ces élections prennent toutefois des allures inquiétantes. En dehors des crieurs publics conspuant les membres de chaque liste, aucun débat n’a lieu en gargote. Il faut pour l’instant se contenter des insinuations lancées de toute part contre les adversaires et les noms d’oiseaux qui sont devenus du langage usuel dans cette campagne. Les trois partis en lice ont installé leurs stands, en oubliant leurs idées au passage, et préfèrent parler des dernières rumeurs une chope dans une main et un jarret de porc dans l’autre.

En effet, aucune proposition, quelque soit le parti, n’a été faite. Que ce soit sur l’économie, la diplomatie, la sécurité ou tout autre sujet habituel, personne ne semble s’intéresser à la politique ni enclin à prendre position ou à s’engager dans une discussion sur un de ces thèmes. Cela s’explique peut-être également par le désintérêt du peuple pour la politique. Du fait de l’absence de visiteurs, les partis ont-ils décidé de ne plus faire de programme, ou est-ce l’inverse ? En tous les cas le stand de GaGa est totalement déserté si l'on excepte ses membres, tandis que sur celui de Gasconha qui a enfin daigné se présenter alors qu’on ne l’espérait plus, le Connétable de Gascogne, toujours candidat, fait remarquer l’absence de programme, oubliant au passage qu’il n’en a pas davantage. Seul celui de Re'neishençà rassemble, toujours pas autour d’un programme ou d’idées mais sur un sujet surprenant et qui pourtant semble retenir l’attention de tous.

Le journal local Voici Voissa, dont nous nous faisions l’écho il y a quelques jours, divise et agace. Puisqu'il a pour symbole le lapin, tout comme le parti GaGa, il n’a pas fallu longtemps pour que les membres de Re'neishençà fassent un lien et que cela devienne un sujet polémique. Le journal serait-il affilié à GaGa ? Rien ne permet de l’affirmer ou de l’infirmer, mais il semble en tout cas que les potins viennent de faire basculer la situation. Pour reprendre les mots de maitre Chtilo : « A partir de maintenant c'est la guerre ».


C’est sur cette belle phrase pleine d’espoir que débute la nouvelle ère de la Gascogne, où les partis, à force de se battre pour le peuple, on finit par l’oublier et se contentent de se battre les uns contre les autres. Toutefois, si jamais les futurs conseillers mettent autant d’énergie à travailler qu’à se déchirer, aucun doute que le duché du Sud-Ouest pourrait redevenir la grande puissance qu’il fut.

Gabriel Von Wittelsbach

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