Qui a dit qu’on s’ennuyait en Gascogne ? Qui a dit que cette province  n’avait plus d’esprit combattif ? Car si les Gascons sont incapables de  taper sur leurs ennemis, ils savent parfaitement se taper dessus entre  eux et ont décidé d’en faire la démonstration pour ces élections.
Cette échéance électorale, très attendue du fait de la retraite du Duc  multirécidiviste Gabriel Von Wittelsbach avait pourtant très bien  commencé. Les trois listes présentes au rendez-vous se sont montrées  respectueuses de la procédure électorale et même très coopératives. Pour  la première fois aucune contestation ou point litigieux ne sont apparus  et l’on s’attendait tout naturellement à une campagne tout aussi  correcte.
La désillusion est hélas vite arrivée avec un évènement pourtant anodin  entre deux membres de listes adverses, Madcat de Morason pour la liste  GaGa et Kassandra von Wittelsbach dicte Kassie, pour la liste  Re'neishençà. La condamnation par Kassie, juge de Gascogne et  prétendante à la couronne ducale, de son adversaire politique Madcat, a  enflammé l’imagination et échauffé les esprits. La question se pose pour  certains quant à la motivation de cette décision et bien que la Cour  d'Appel étudie le dossier, la réponse n'arrivera que trop tardivement  pour calmer l'esprit.
Se trouve d’une part l’aveu de l’accusée lors de sa première plaidoirie  où elle reconnait les faits qui lui sont reprochés, et sur lequel se  base le verdict rendant parfaitement légitime la condamnation aux yeux  de certains. Mais d’autre part, le caractère très concis du verdict qui  ne s’intéresse pas à la caractérisation des faits à la loi et la date de  la condamnation laissent planer le doute pour d’autres. Ils constatent  en effet qu’il s’agit d’un procès simple dans lequel le procureur censé  défendre les intérêts ducaux n’a pas pris la peine de faire de  réquisitoire et de demander une condamnation. Que de surcroit cette  affaire lancée il y a plusieurs mois voit le verdict tomber à point  nommé, et par celle qui s’était vu ravir la couronne par son cousin le  Duc d’Espelette il y a deux mois, malgré l’arrivée en tête de sa liste.  Si l’on rajoute à cela qu’il intervient seulement quelques jours après  que la liste de l’accusée soit complète et impossible à modifier,  pouvant donc entrainer l’invalidité de toute la liste concurrente de la  juge et mettre sur la touche son principal adversaire au trône de  Gascogne, on comprend aisément que les choses aient dégénéré.
Il n’en faut en effet pas plus pour que les camps prennent des positions  très fermes et que les crieurs publics s’emballent. Au milieu des  traditionnels messages partisans appelant aux votes, les attaques  fusent. Ainsi la première offensive est lancée contre la juge, surnommée  la dame de fer, contre sa « dictature au tribunal » sur le peuple  gascon. La réplique ne se fait pas attendre contre trois membres de la  liste GaGa et leurs problèmes judiciaires. Madcat tout d’abord que nous  avons évoquée ici-même, Arshess l’actuel maire de Bayonne qui se verrait  reproché d’avoir couvert certains amis lors d’infractions aux arrêtés  municipaux et enfin Riwenn de Castel Vilar contre qui une plainte pour  infraction au code électoral est restée quatre mois sans aucune suite.
Si les vieux dossiers ressortent, les coups continuent, et les réactions  aux propagandes de part et d’autre se font entendre, toujours par  crieur. Ainsi, Re'neishençà qui se présente comme étant pour le peuple,  sans coup bas et honnête, se voit rappeler l’affaire Chtilo. En effet  l’actuel Connétable de Gascogne a été récemment pris en faute sur Labrit  pour avoir enfreint un arrêté municipal et fait l’objet de poursuites.  GaGa n’échappe pas non plus, de son coté, à la remise en cause de ses  valeurs. Misant pour sa part sur une ère nouvelle, ses opposants ont  opté pour une note plus légère de contestation puisque l’on peut  entendre depuis quelques jours « La Gascogne se GaGasse la gueule, il  est où le renouveau ? » Seule à échapper à ce florilège pour l’instant,  la liste Gasconha qui n’a pas encore utilisé les crieurs publics pour  faire sa promotion.
Ces élections prennent toutefois des allures inquiétantes. En dehors des  crieurs publics conspuant les membres de chaque liste, aucun débat n’a  lieu en gargote. Il faut pour l’instant se contenter des insinuations  lancées de toute part contre les adversaires et les noms d’oiseaux qui  sont devenus du langage usuel dans cette campagne. Les trois partis en  lice ont installé leurs stands, en oubliant leurs idées au passage, et  préfèrent parler des dernières rumeurs une chope dans une main et un  jarret de porc dans l’autre.
En effet, aucune proposition, quelque soit le parti, n’a été faite. Que  ce soit sur l’économie, la diplomatie, la sécurité ou tout autre sujet  habituel, personne ne semble s’intéresser à la politique ni enclin à  prendre position ou à s’engager dans une discussion sur un de ces  thèmes. Cela s’explique peut-être également par le désintérêt du peuple  pour la politique. Du fait de l’absence de visiteurs, les partis ont-ils  décidé de ne plus faire de programme, ou est-ce l’inverse ? En tous les  cas le stand de GaGa est totalement déserté si l'on excepte ses  membres, tandis que sur celui de Gasconha qui a enfin daigné se  présenter alors qu’on ne l’espérait plus, le Connétable de Gascogne,  toujours candidat, fait remarquer l’absence de programme, oubliant au  passage qu’il n’en a pas davantage. Seul celui de Re'neishençà  rassemble, toujours pas autour d’un programme ou d’idées mais sur un  sujet surprenant et qui pourtant semble retenir l’attention de tous.
Le journal local Voici Voissa, dont nous nous faisions l’écho il y a  quelques jours, divise et agace. Puisqu'il a pour symbole le lapin, tout  comme le parti GaGa, il n’a pas fallu longtemps pour que les membres de  Re'neishençà fassent un lien et que cela devienne un sujet polémique.  Le journal serait-il affilié à GaGa ? Rien ne permet de l’affirmer ou de  l’infirmer, mais il semble en tout cas que les potins viennent de faire  basculer la situation. Pour reprendre les mots de maitre Chtilo : « A  partir de maintenant c'est la guerre ».
C’est sur cette belle phrase pleine d’espoir que débute la nouvelle ère  de la Gascogne, où les partis, à force de se battre pour le peuple, on  finit par l’oublier et se contentent de se battre les uns contre les  autres. Toutefois, si jamais les futurs conseillers mettent autant  d’énergie à travailler qu’à se déchirer, aucun doute que le duché du  Sud-Ouest pourrait redevenir la grande puissance qu’il fut.
Gabriel Von Wittelsbach
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